Tuesday, July 21, 2009

Que m'importe que tu sois sage ?
Sois belle ! et sois triste ! Les pleurs
Ajoutent un charme au visage,
Comme le fleuve au paysage ;
L'orage rajeunit les fleurs.

Je t'aime surtout quand la joie
S'enfuit de ton front terrassé ;
Quand ton coeur dans l'horreur se noie ;
Quand sur ton présent se déploie
Le nuage affreux du passé.

Je t'aime quand ton grand oeil verse
Une eau chaude comme le sang ;
Quand, malgré ma main qui te berce,
Ton angoisse, trop lourde, perce
Comme un râle d'agonisant.

J'aspire, volupté divine !
Hymne profond, délicieux !
Tous les sanglots de ta poitrine,
Et crois que ton coeur s'illumine
Des perles que versent tes yeux !

Je sais que ton coeur, qui regorge
De vieux amours déracinés,
Flamboie encor comme une forge,
Et que tu couves sous ta gorge
Un peu l'orgueil des damnés ;

Mais tant, ma chère, que tes rêves
N'auront pas reflété l'Enfer,
Et qu'en un cauchemar sans trêves,
Songeant de poisons et de glaives,
Eprise de poudre et de fer.

N'ouvrant à chacun qu'avec crainte,
Dechiffrant le malheur partout,
Te convulsant quand l'heure tinte,
Tu n'auras pas senti l'étreinte
De l'irrésistible Dégoût,

Tu ne pourras, esclave reine
Qui ne m'aime qu'avec effroi,
Dans l'horreur de la nuit malsaine
Me dire, l'âme de cris pleine :
"Je suis ton égale, ô mon Roi !"

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Thursday, July 09, 2009


Federico Bebber

Un artiste à découvrir absolument !
Enorme
Grandiose
Beau


http://paintalicious.org/2007/08/24/federico-bebbers-photography/
L'examen de la nuit

La pendule, sonnant minuit,
Ironiquement nous engage
A nous rappeler quel usage
Nous fîmes du jour qui s'enfuit :
- Aujourd'hui, date fatidique,
Vendredi, treize, nous avons,
Malgré tout ce que nous savons,
Mené le train d'un hérétique.

Nous avons blasphémé Jésus,
Des Dieux le plus incontestable !
Comme un parasite à la table
De quelque monstrueux Crésus,
Nous avons, pour plaire à la brute,
Digne vassale des Démons,
Insulté ce que nous aimons
Et flatté ce qui nous rebute ;

Contristé, servile bourreau,
Le faible qu'à tort on méprise ;
Salué l'énorme Bêtise,
La Bêtise au front de taureau ;
Baisé la stupide Matière
Avec grande dévotion,
Et de la putréfaction
Béni la blafarde lumière.

Enfin, nous avons, pour noyer
Le vertige dans le délire,
Nous, prêtre orgueilleux de la Lyre,
Dont la gloire est de déployer
L'ivresse des choses funèbres,
Bu sans soif et mangé sans faim !...
- Vite soufflons la lampe, afin
De nous cacher dans les ténèbres !

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Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Friday, July 03, 2009

Petit coup de coeur...

Nino Ferrer
La Maison près de la Fontaine

(extrait de l'album Métronomie, sorti en 1975)


La maison près de la fontaine
Couverte de vigne vierge et de toiles d'araignée
Sentait la confiture et le désordre et l'obscurité
L'automne
L'enfance
L'éternité...

Autour il y avait le silence
Les guêpes et les nids des oiseaux
On allait à la pêche aux écrevisses
Avec Monsieur le curé
On se baignait tout nus, tout noirs
Avec les petites filles et les canards...

La maison près des HLM
A fait place à l'usine et au supermarché
Les arbres ont disparu, mais ça sent l'hydrogène sulfuré
L'essence
La guerre
La société...

C'n'est pas si mal
Et c'est normal
C'est le progrès.
Disembowel me alive

In the dawn of my life, some tears poisoned my soul
My gladness is a lie cause I'm getting so cold
Break the ice, my friend, break the ice
Hhelp me to fly or die with me
Don't run away, my friend, just listen to me

There is a mask sticked on my face
Hiding the torments and mistakes
the Burden of a life
A growing cancer within my mind

Sometimes we say "Life deserves to be lived"
This is happyness
This is blindness
I'm not happy
I'm not blind

If I pull the mask out of my face
You'll see the rotten flesh of my brain
Disembowel me alive

All the times I trusted in my self accomplishment
This was a fake picture of light
My own ashes cannot bright

I'm not a phoenix
I will never fly
My land is the nyx
Oh yes, this is mine

I'm just a bad piece of flesh and blood

I am a slave
Forever condemned
I dig my grave
Allready rotten

Heal my sickness
This incurable madness

Rip me out of this world
Rip me out of my flesh
The only way for you to save me
Is not to make me glad
The only way for you to save me
Is to disembowel me a[live]
You cannot save me
You've got to kill me

Save me
Kill me
Disembowel me alive