Saturday, September 27, 2014

Promenez-vous

Les gens légers, bornés,  les esprits présomptueux et enthousiastes veulent en toute chose une conclusion ; ils cherchent le but de la vie et la dimension de l'infini. Ils prennent dans leur pauvre petite main une poignée de sable et ils disent à l'océan : "Je vais compter les grains de tes rivages". Mais comme les grains leur coulent entre les doigts et que le calcul est long, ils trépignent et ils pleurent. Savez-vous ce qu'il faut faire sur la grève ? Il faut s'agenouiller ou se promener. Promenez-vous.

Gustave Flaubert, lettre à mademoiselle Leroyer de Chantepie (1857)

Intelligence...

Dans cette tribu, il y a une petite aveugle, un garçon boiteux, un autre maladroot et distrait... Alors,  ils restent au campement toute la journée, et comme ils n'ont rien à faire et que les jeux vidéos n'ont pas encore été inventés, ils sont bien obligés de réfléchir et de laisser vagabonder leurs pensées. Et ils passent leur temps à penser, à essayer de décrypter le monde, à imaginer des histoires et des inventions. C'est comme ça qu'est née la civilisation : parce que les gosses imparfaits n'avaient rien d'autre à faire.  Si la nature nestropiait personne, si le moule était à chaque fois sans faille, l'humanité serait restée une espèce de proto-hominidés, heureuse, sans aucune pensée de progrès, vivant très bien sans Prozac, sans capotes ni lecteur de DVD dolby digital.

Martin Page, Comment je suis devenu stupide (roman)