Friday, December 27, 2013

Les preuves de l'existence de l'ennemi intérieur sont énormes et celles de son pouvoir sont écrasantes. Je crois en l'ennemi parce que, tous les jours et toutes les nuits, je le rencontre sur mon chemin. L'ennemi est celui qui, de l'intérieur, détruit ce qui en vaut la peine. Il est celui qui vous montre la décrépitude contenue en chaque réalité. Il est celui qui vous met en lumière votre bassesse et celle de vos amis. Il est celui qui, en un jour parfait, vous trouvera une excellente raison d'être torturé. Il est celui qui vous dégoûtera de vous-même. Il est celui qui, quand vous entreverrez le visage céleste d'une inconnue, vous révélera la mort contenue en tant  de beauté.

Amélie Nothomb, Cosmétique de l'ennemi.

Saturday, November 30, 2013

La stratégie du Poulpe

Sans prétention aucune, quelques lignes d'une réflexion personnelle...

Quelques fois, il m'arrive de penser que nous serions bien plus avancés si nous pouvions tirer enseignement des millénaires d'expériences humaines, échecs ou réussites, pouvant ainsi nous permettre de rédiger une réelle bible, de la quelle nous pourrions réellement en améliorer notre comportement rien qu'en y pouvant comprendre une certaine logique, de manière presque mathématique.

Mais la réalité se confronte à un ersatz d'optimisme.
Il n'est nul besoin de tenter d'apprendre à son voisin, son ami ou même à son fils.

Contentons-nous d'abord de tirer des leçons de nos erreurs, en nous faisant nos propres expériences. Car au final, il me semble que personne n'est prêt à entendre une vraie leçon de vie. Partout autour de moi je vois certains répéter les mêmes erreurs déjà commises par des milliers d'autres durant des décennies. Il suffit d'ouvrir un journal ou de regarder par sa fenêtre pour voir un quidam se faire renverser, un peuple se faire opprimer à cause d'élections mal assumées, ou encore un ami se faire piétiner le coeur par une énième succube. Tout cela n'est qu'un schéma qui se répète encore et encore.

Sunday, October 20, 2013

Du doute dans l'art

Un artiste qui ne doute pas est un individu aussi accablant qu'un séducteur qui se croit en pays conquis. Derrière toute oeuvre, se cache une prétention énorme, celle d'exposer sa vision du monde. Si une telle arrogance n'est pas contrebalancée par les affres du doute, on obtient un monstre qui est à l'art ce que le fanatique est à la foi.

Amélie Nothomb, Une autre forme de vie

Wednesday, July 17, 2013

H.G. Wells | La machine à explorer le temps (extraits)

Au fil de mes lectures, j'ai eu l'agréable surprise de tomber sur quelques passages de cette oeuvre, qui me semblent tout à fait pertinents, et dont je vous fais part :  

Le danger : source d'intelligence

[...] Mais avec ce changement des conditions viennent inévitablement les adaptations à ce changement, et à moins que la science biologique ne soit qu'un amas d'erreurs, quelles sont les causes de la vigueur et de l'intelligence humaine ? les difficultés et la liberté : conditions sous lesquelles les individus actifs, vigoureux et souples, survivent et les plus faibles succombent ; conditions qui favorisent l'alliance loyale des gens capables, l'empire sur soi-même, la patience, la décision. L'institution de la famille et les émotions qui en résultent : la jalousie féroce, la tendresse envers la progéniture, le dévouement du père et de la mère, tout cela trouve sa justification et son appui dans les dangers qui menacent les jeunes. [...] 

Le héro arrive dans un monde qui lui semble exempt de tout danger, toute difficulté, parfaitement équilibré et sain.

[...] Dans cette sécurité et ce confort parfaits, l'incessante énergie qui est notre force doit devenir faiblesse. De notre temps même, certains désirs et tendances, autrefois nécessaires à la survivance, sont des sources constantes de défaillances. Le courage physique et l'amour des combats, par exemple, ne sont à l'homme de grands secours - et peuvent même lui être obstacles. Dans un état d'équilibre physique et de sécurité, la puissance intellectuelle, aussi bien que physique, serait déplacée. [...] Pour une telle vie, ceux que nous appellerions les faibles sont aussi bien équipés que les forts, et de fait ils ne sont plus faibles. Et même mieux équipés, car les forts seraient tourmentés par un trop plein d'énergie. [...]

[...] C'est une loi naturelle trop négligée : la versatilité intellectuelle est le revers de la disparition du danger et de l'inquiétude. Un animal en harmonie parfaite avec son milieu est un pur mécanisme. La nature de fait jamais appel à l'intelligence que si l'habitude et l'instinct sont insuffisants. Il n'y a pas d'intelligence là où il n'y a ni changement, ni besoin de changement. Seuls ont part à l'intelligence les animaux qui ont à affronter une grande variété de besoin et de dangers.

Où en sommes-nous ?

Pour terminer ces extraits, en voici un autre, qui pourrait, me semble-t-il, être tout à fait adapté à notre époque :

[...] pour ma propre part, je ne puis croire que ces récentes périodes de timides expérimentations, de théories fragmentaires et de discorde mutuelle soient le point culminant où doive atteindre l'homme. [...]

Il s'agit ici de l'essentiel des réflexions du narrateur (du moins celles qui m'ont marqué). En effet, toute l'histoire est surtout faite de la narration des découvertes et de périls de toutes sortes vécus par le protagoniste principal, l'Explorateur du Temps. Un subtil mélange, en quelque sorte.

A mettre entre toutes les mains et les paires d'yeux !

Monday, February 04, 2013

A la Belle...

Belle, si j'étais un homme, sans doute je ferais les choses que vous me dites, mais les pauvres bêtes qui veulent prouver leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir.


Jean Cocteau, La Belle et la Bête