samedi, novembre 02, 2024

Extraits de Le Roitelet, de Jean-François Beauchemin

 J'ai cru m'approcher en vieillissant d'une espèce d'état d'accalmie qui me ferait considérer ma vie ave sérénité et satisfaction. Mais, vu de près, c'est complètement différent. Il n'y a pas dans cette vie une seule idée dont je suis convaincu qu'elle demeurera, et je ne suis pas certain en général d'avoir été sur la bonne piste. Tout me reste à apprendre. Ce ne serait pas si vertigineux si je disposais d'un seconde existence et, pourquoi pas, d'une troisième. Mais le temps va me manquer.

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Je me disais en l'observant de loin que la simplicité et l'incontestable fiabilité de cette bicyclette représentaient peut-être à ses yeux les qualités auxquelles sont esprit n'avait pas accès. et peut-être en somme mon frère voyait-il dans cette espèce d'efficacité humble le symbole au moins partiel d'une victoire sur la peine. 

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L'époque, a-t-il commencé, est propice aux prophètes de malheur. Je ne veux pas suggérer en disant cela que tout va pour le mieux. Seulement, rien ne m'indispose autant que d'emboîter le pas à tous ces pessimistes patentés qui encombrent notre temps, trompés par les hésitations, les vacillations et la confusion d'un monde qui cherche lentement mais sûrement un passage vers l'avenir. Il n'y a rien à attendre de ces gens-là, qui confondent tout : avenir et menace, adversité et désespoir, modernité et dépravation, mémoire et nostalgie, morale et rigidité d'esprit. Je crois au contraire qu'en dépit de tout, des jours radieux s'ouvrent devant nous. Mais nous sommes de mauvais peintres, et nous manquons de recul, et peignons sur la toile un paysage déformé par notre vision trop étroite. Je ne vois personnellement aucune raison pour qu'il n'y ait pas dans le futur quelques êtres de bonne volonté et modernes (c'est)à)dire qui ne craignent en rien l'avenir), altruistes, à l'esprit lucide et éclairé, attentifs aux expressions de leur vie spirituelle. Nous ne serons jamais trop à unir nos forces dans l'établissement d'un monde durablement meilleur. 

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Je sentais que le spectacle de la montagne, à présent éclaboussée de rayons solaires, l'inspirait davantage, alimentait son esprit sans cesse hanté, ému, rieur, indigné, traversé par le doute et, surtout, imprégné de l'intense joie de celui qui ne 'habitue pas à l'inexplicable splendeur de ce Monde. 

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Extraits de Mousse, de Klaus Modick

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