dimanche, novembre 03, 2024

Extraits de Mousse, de Klaus Modick

 Je suis capable de nommer "correctement" le splendide vieux pin dont les branches fouettent la fenêtre du haut par grand vent, et le désassembler conceptuellement jusqu'à sa structure moléculaire. Mais je n'ai aucun moyen de décrire la langue dans laquelle il me parle quand il frappe contre la vitre. 

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Un terme, un nom, ne représente pas seulement un moyen de classer un phénomène ou un objet ; celui-ci se trouve être, par le biais de cette classification, identifié, court-circuité et considéré comme compris. Dans une certaine mesure, cette façon de procéder est sans doute nécessaire pour parvenir à un consensus scientifique général - ce qui devrait être l'objectif de toute science. Mais la théorie que nous trouvons aujourd'hui dans la littérature et la recherche botaniques contemporaines classe sans connaitre. 

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[...] je ne trouve pas de réponse parce que j'en cherche une.

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[...] j'ai l'impression que ce n'est pas moi qui écrits, mais que je laisse l'écriture avoir lieu ou, plus précisément, que je laisse quelque chose d'autre que moi écrire en et à travers moi.

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L'annihilation du nom par le concept, de l'expression vivante par le terme scientifique, a accéléré et scellé l'éloignement de l'humanité de la nature qui l'entoure. 

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Les algues, les mousses, et l'ensemble des plantes vertes qui ont succédé aux algues et aux mousses dans l'histoire de la vie, se nourrissent d'eau, de lumière, d'air et de minéraux. Dans une synthèse de matériel et de l'immatériel, les autres éléments que sont l'eau, l'air, la lumière et la terre s'unissent afin de former leur chair vivante. 

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Les choses ne nous sont égales que quand nous en privilégions certaines. Mais elles sont toutes également importantes. 

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Se pourrait-il que les gens aient enfin compris que ce n'est pas la politique, mais la nature qui constitue la véritable affaire de l'humanité ?Et comment, exactement, pouvait-on faire de la politique à partir de la nature ? C'était la bêtise la plus grossière qu'on puisse imaginer. Bien sur, qui détruit la nature se détruit lui-même. Mais comment cette question aurait-elle pu être débattue dans des parlements ?

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Darwin a établi que seuls les bourdons visitent les fleurs de trèfle rouge, les abeilles n’accédant pas à leur nectar. Par conséquent, dit Darwin, si le bourdon venait à s’éteindre ou à se raréfier, le trèfle serait également moins répandu, voire disparaîtrait. La quantité de bourdons dans une région donnée dépend en grande partie du nombre de souris des bois qui y vivent, car elles détruisent leurs nids et les aires de butinage. Mais le nombre de souris des bois dépend essentiellement du nombre de chats qui chassent dans la région. Les nids de bourdons se situent souvent à proximité de lieux d’habitation humaine et de petits villages, ce qui peut s’expliquer en retour par le grand nombre de chats qui se nourrissent de souris des bois et limitent ainsi leur population. Dans une région donnée, la présence de chats détermine donc indirectement le développement de certaines plantes, à travers la taille des populations de souris et de bourdons. Le trèfle, qui peut se propager largement grâce aux bourdons, donc aux chats, sert de pâturage aux vaches et aux boeufs. Les marins ont besoin de grandes quantités de viande de boeuf saumurée. L'Angleterre doit donc aussi sa puissance maritime aux chats. Sans oublier les femmes anglaises âgées et célibataires, dont l’amour pour les chats est sans limites. Comme la puissance navale qu’est l’Angleterre a mené des guerres et pris les hommes aux femmes, elle a engendré un grand nombre de femmes célibataires qui, à défaut de maris, sont tombées amoureuses des chats. Cependant, les chats contrôlent les souris, ce qui profite aux bourdons, et on revient au début. 

samedi, novembre 02, 2024

Extraits de Le Roitelet, de Jean-François Beauchemin

 J'ai cru m'approcher en vieillissant d'une espèce d'état d'accalmie qui me ferait considérer ma vie ave sérénité et satisfaction. Mais, vu de près, c'est complètement différent. Il n'y a pas dans cette vie une seule idée dont je suis convaincu qu'elle demeurera, et je ne suis pas certain en général d'avoir été sur la bonne piste. Tout me reste à apprendre. Ce ne serait pas si vertigineux si je disposais d'un seconde existence et, pourquoi pas, d'une troisième. Mais le temps va me manquer.

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Je me disais en l'observant de loin que la simplicité et l'incontestable fiabilité de cette bicyclette représentaient peut-être à ses yeux les qualités auxquelles sont esprit n'avait pas accès. et peut-être en somme mon frère voyait-il dans cette espèce d'efficacité humble le symbole au moins partiel d'une victoire sur la peine. 

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L'époque, a-t-il commencé, est propice aux prophètes de malheur. Je ne veux pas suggérer en disant cela que tout va pour le mieux. Seulement, rien ne m'indispose autant que d'emboîter le pas à tous ces pessimistes patentés qui encombrent notre temps, trompés par les hésitations, les vacillations et la confusion d'un monde qui cherche lentement mais sûrement un passage vers l'avenir. Il n'y a rien à attendre de ces gens-là, qui confondent tout : avenir et menace, adversité et désespoir, modernité et dépravation, mémoire et nostalgie, morale et rigidité d'esprit. Je crois au contraire qu'en dépit de tout, des jours radieux s'ouvrent devant nous. Mais nous sommes de mauvais peintres, et nous manquons de recul, et peignons sur la toile un paysage déformé par notre vision trop étroite. Je ne vois personnellement aucune raison pour qu'il n'y ait pas dans le futur quelques êtres de bonne volonté et modernes (c'est)à)dire qui ne craignent en rien l'avenir), altruistes, à l'esprit lucide et éclairé, attentifs aux expressions de leur vie spirituelle. Nous ne serons jamais trop à unir nos forces dans l'établissement d'un monde durablement meilleur. 

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Je sentais que le spectacle de la montagne, à présent éclaboussée de rayons solaires, l'inspirait davantage, alimentait son esprit sans cesse hanté, ému, rieur, indigné, traversé par le doute et, surtout, imprégné de l'intense joie de celui qui ne 'habitue pas à l'inexplicable splendeur de ce Monde. 

Extraits e L'éducation du stoïcien, de Fernando Pessoa

 Il n'est pas de plus grande tragédie que l'égale intensité, dans la même âme ou le même homme, du sentiment intellectuel et du sentiment moral. POur être indiscutablement et "absolument" moral, on doit être quelque peu stupide. Pour être absolument intellectuel, on doit être quelque peu immoral. Je ne sais quel jeu ou quelle ironie des choses condamne chez l'homme cette dualité portée à un degré élevé. Pour mon plus grand malheur, elle se réalise en moi. Je n'ai donc, possédant deux vertus, jamais rien pu faire de moi. Ce n'est pas l'excès d'une qualité, mais bien de deux, qui m'a tué à la vie

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Chaque fois que j'ai rencontré, en quelque domaine que ce soit, un rival ou la posiblité d'un rival, j'ai renoncé aussitôt, sans la moindre hésitation. C'est une des rares circonstances de ma vie où je n'aie jamais connu d'hésitation. Mon orgueil ne m'a jamais permis d'entrer en concurrence avec quelqu'un d'autre, si j'avais en outre la perspective abjecte d'une défaite possible. De même, je n'ai jamais pu participer à aucun jeu de compétition. Si je perdais, j'étais toujours plein de rancoeur et de dépit. Parce que je me croyais supérieur aux autres ? Certes non, car je ne me suis jamais cru supérieur, que ce soit aux échecs ou au whist. Mais par orgueil, on orgueil qui débordait de toutes parts et qui saignait, sans qu'aucun des efforts désespérés de mon intelligence puisse le contenir ou l'étancher. Je me suis toujours placé en marge du monde et de la vie, et la choc que me donnait un de leurs éléments m'a toujours blessé comme une insulte lancée d'en bas, comme la révolte subite d'un laquais universel. 

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Soudain, je fus pris d'u désir intense de renoncement absolu, de claustration ferme et définitive, d'un dégoût profond pour tous ces désirs, tous ces espoirs que j'aurais pu, extérieurement, réaliser si facilement, alors qu'il m'avait été, intérieurement, impossible de seulement pouvoir le souhaiter. De cette heure douce et triste date le début de mon suicide. 

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Des idées brusque, admirables, exprimées partiellement par des mots intensément adéquats, mais sans lien entre elles, demandant à être ensuite cousues ensemble et dressées, tels de monuments ; mais ma volonté ne les accompagnerait pas si elles devaient marcher du même pas que l'esthétique, et non pas demeurer à l'état de paragraphes d'un conte virtuel ; oui, rien que des lignes qui auraient l'air admirables mais qui, en fait, ne le seraient que si, tout autour, on avait écrit ce conte dont elles étaient des moments forts, des expressions synthétiques, des liaisons... Certaines de ces idées étaient des traits d'esprit, admirables certes, mais incompréhensibles sans, tout autour, le texte qui n'a jamais été écrit. 

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C'est le conflit entre le besoin émotionnel de croyance et l'impossibilité intellectuelle de croire. 

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Tout ce que je pense ou éprouve se transforme inévitablement en inertie, aux modalités diverses. La pensée qui, chez d'autres, est la boussole de l'action, devient chez moi son microscope, et me fait voir des univers à franchir là où il suffirait d'un seul petit pas - comme si le raisonnement de Zénon (démontrant que l'espace est infranchissable, puisque infiniment divisible, donc infini) était une drogue bizarre dont on aurait intoxiqué mon système mental

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Ma vie toute entière se résume à une bataille perdue sur une carte : ma lâcheté ne s'est même pas fait jour sur un champ de bataille, où d'ailleurs elle ne se serait peut-être pas manifestée, mais dans le cabinet du chef d'état-major, en tête à tête avec son intime conviction d'aller à la défaite. On, n'a pas osé dresser de plan, parce qu'il aurait été de toute façon imparfait ; on n'a pas osé le rendre parfait, même s'il ne pouvait l'être réellement, parce que la conviction qu'il ne le serait jamais a brisé la volonté qui aurait permis à ce plan, même imparfait, d'être essayé malgré tout. 

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J'étais devenu objectif avec moi-même. Mais je ne pouvait discerner si, ce faisant, je m'étais trouvé, ou bien perdu. 

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Je m'étais endormi, et avec moi tous les privilèges de mon âme - les désirs qui rêvent bien haut, les émotions qui rêvent bine fort, et les angoisses qui rêvent tout cela à l'envers. 

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J'ai atteint, me semble-t-il, à la plénitude de l'usage de ma raison. Et c'est pourquoi je vais me tuer.

Extraits de Nés de la nuit, de Caroline Audibert

 Les oiseaux racontent comment vaste est la forêt, jusqu'où le jour s'en va courir.

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Nous sommes plus que bouche et pelages reliés à la longue nuit laiteuse. La vie d'un loup advient quand le ciel, quand les arbres, quand le vent, quand les humeurs lui disent combien ils le veulent, lui, gardien des forêts et des sources. Je chancelle, tombe, me relève, corps mal assuré, encore rattaché aux mamelles de la nuit. Mère rentre dans la tanière. Je la suis. Mes frères aussi.

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Le vieux hêtre raconte, il veille sur moi comme les miens ont veillé sur lui et sa progéniture, mordant la cuisse des mangeurs d'herbes et de pousses d'arbres. La forêt compte sur nous, les loups.

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La forêt est plein d'alertes, la forêt est en émoi. Les oiseaux font grandir les arbres vers le ciel.

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Mère halète, ses yeux se tournent au-dedans, rejoignent leur tanière, la nuit d'où ils ont éclos.

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Me méfier de l'étranger qui fait taire la forêt. 

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Les arbres ne sont jamais paisibles. Ils traquent la lumière. Il hissent leurs troncs hésitants, échappent aux bouches des bêtes que nous chassons, étendent l'empire des racines, restent longtemps tapis sous les branchages. , patientent, lapent des gouttes de lumière, guettent, se tordent plus haut, se bousculent pour piéger la clarté dans leurs mâchoires, leurs feuilles graciles bordées de petits crocs, leurs feuilles vernies et fourbes, leurs feuilles vibrantes, leurs bouquets d'aiguilles goulues brandis vers le ciel, affamées de soleil. Point de repos, il faut grandir encore, se hisser, échafauder des cimes acrobates, tirer la sève jusqu'aux branches funambules, tenir l'équilibre, toujours tendre le piège des feuilles et boire la lumière de chaque aube, boire jusqu'au soir, les grains de soleil coulent à travers les longs corps ligneux, au-dedans de leurs bras lutteurs, de leurs troncs vrillés, la lumière les nourrit comme le sang contente nos ventres ardents. Les arbres sont comme nous, la dame aux arbres ne le sait pas vraiment. Ce sont des fauves. 

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Les hommes parlent des guerres menées contre les loups, des guerres qui ont duré des siècles, des guerres qui malmènent nos forêts. Nous les fauves sommes patients, comme les graines savent l'être.

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La dame est revenue. Elle me regarde en détail. Je lui parle de la pluie sur les troncs des bouleaux, d'odeurs de terre mouillée, de l'appel des aigles, de la chaleur des toisons, de mon clan. Son visage s'élargit sous ses cheveux. Je lui dis comment la forêt enfouit les os dans le ventre des vivants, comment les mouches et les renards mangent les chairs racornies, comment les grands vautours tirent sur les tendons, emportent les os dans leurs serres et les lancent sur les rocs, comment les habitants de la forêt se dispersent dans un infatigable fourmillement et, pour finir, cessent d'être. 

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Le ciel devient plus profond, la nuit se hâte, les arbres poussent des cris silencieux, les vallons s'ouvrent, libèrent des parfums enfouis, les torrents cessent de mugir. Les animaux s'unissent à la nuit. Les solitudes se dissipent. tout écoute ce chant qui enfle au-dessus des arbres et court après les étoiles, ce cri de la vie même. Les hommes ne savent rien de tout cela. Ils ne sont pas amoureux de la terre. 

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Nous sommes des loups. Si l'un de nos tombe, d'autres se relèvent. Ensemble, nous ne mourons pas. Nous  venons de la nuit. Nous allons parmi les bêtes et les hommes, nous allons parmi les chants de la forêt, à peine séparés de la terre, pleinement nous-mêmes. Vieux peuple qui revient, qui grandit, qui lutte. Je foule la terre des ancêtres, louve farouche contre la terre aux pelages chamarrés. 

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Pour l'homme aux yeux doux, nous sommes les gardiens des oiseaux, des rivières et de toute la vie qui en découle. Les hommes l'ont su du temps où ils peignaient dans l'antre des cavernes. Ils adoraient les créatures nourricières et effrayantes, les créatures capables de prodiguer la vie comme les précipiter dans la mort; Les hommes on oublié. Ils veulent régir les grands équilibres

Extrait de L'épuisement, de Christian Bobin

Je crois que l'enfance est pour beaucoup dans ces refus dont nous ressentons la nécessite sans savoir les justifier. Je crois qu'il n'y a qu'elle à écouter.

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 Il m'arrive de demander un avis, pour décider du chemin de telle ou telle phrase ou pour une conduite à tenir dans telle ou telle affaire. Je ne le demande que pour me donner le temps de rejoindre ce qui s'est, au profond de moi, choisi : je ne suis en fait aucun conseil - comme un enfant insupportable de 3 ans. 

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Je crois que c'est ça, un artiste. Je crois que c'est quelqu'un qui a son corps ici et son âme là-bas, et qui cherche à remplir l'espace entre les deux en y jetant de la peinture, de l'encre ou même du silence. Dans ce sens, artistes nous le sommes tous, exerçant le même art de vivre avec plus ou moins de talent, je précise : avec plus ou moins d'amour.

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Vous achetez beaucoup de livres. Vous ne les finissez pas tous. C'est une infirmité chez vous, une maladie chronique, celle de ne pas finir une lecture, une conversation, un amour. Ce n'est pas nécessairement l'effet d'une négligence ou d'un ennui. C'est que parfois, pour une lecture, pour un entretien ou un amour, la fin arrive avant la fin. Et c'est quoi, la fin d'un livre. C'est quand vous avez trouvé la nourriture qu'il vous fallait, à ce jour, à cette heure, à cette page. Il y a mille façons de lire un livre. La mille et unième est de le tenir entre les mains et de regarder son titre, seulement son titre. 

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S'il y a un lien entre l'artiste et le reste de l'humanité, et je crois crois qu'il y a un lien, et je crois que rien de vivant ne peut être créé sans une conscience obscure de ce lien là, ce ne peut être qu'un lien d'amour et de révolte. C'est dans la mesure où il s'oppose à l'organisation marchande de la vie que l'artiste rejoint ceux qui doivent s'y soumettre : il est comme celui à qui ion demande de garder la maison, le temps de notre absence. Son travail est de ne pas travailler et de veiller sur la part enfantine de notre vie qui ne peut jamais rentrer dans rien d'utilitaire. 

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La poésie m'a longtemps ennuyé jusqu'à ce que je comprenne que je n'aimais qu'elle seule, sans trop savoir ce qu'elle était. 

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(en parlant des oiseaux)

Je fais comme eux : quand la vie tourne au froid je vais chercher dans les livres des poètes de quoi poursuivre mon vol. Ce ne sont pas les poètes qui compte - c'est le vol. 

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[...] tout écrivain cultive cet art de la conversation parallèle. Les mots qu'il écrit ne sont là que pour donner le temps à d'autres mots de se faire entendre. Il y a toujours deux livres dans un vrai livre. Le premier seulement est écrit. C'est le second qui est lu, c'est dans le livre du dessous que le lecteur reconnaît ce qui, de l'auteur ou de lui, témoigne de l'appartenance à une même communauté silencieuse. 

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L'enfant de deux ou trois ans ne veut exercer aucun métier. Il ne sait pas ce que c'est, un métier. Il ne veut profondément, foncièrement, qu'être rien, c'est-à-dire tout. Être là dans la cuisine, salir la nappe de plastique avec des morceaux d'aliments, et être en même temps, avec la même intensité, dans la mouche qui danse contre la fenêtre, dans le ciel qui coule au dehors, et dans la forêt bénie des fées, cette forêt dont les loups ne trouvent jamais l'entrée, cette forêt de l'amour dont le monde est chassé, banni. 

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Lire c'est faire l'épreuve de soi dans la parole d'un autre, faire venir de l'encre par voie de sang jusqu'au fond de l'âme et que cette âme en soit imprégnée, manger ce qu'on lit, le transformer en soi et se transformer en lui. 

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Si on ne vit plus que dans la culture on devient très vite analphabète : il y a un temps où, dans les milieux culturels, les oeuvres ne sont plus méditées, aimées, mangées, un temps où on ne mange plus que le nom des auteurs, leur nom seulement, pou s'en glorifier ou pour le salir. La culture quand elle est à ce point privée d'intelligence est une maladie de l'accumulation, une chose inconsommable que l'on ne sait plus que consommer.

Extraits de Mousse, de Klaus Modick

 Je suis capable de nommer "correctement" le splendide vieux pin dont les branches fouettent la fenêtre du haut par grand vent, et...