lundi, janvier 20, 2025

Extraits de Aphorismes sous la lune, de Sylvain Tesson

Sans l'humus, on entendrait les feuilles tomber.


Y'a-t-il des mers enchaînées ?


Le brouillard fini toujours par rendre le paysage qu'il a volé


Un jour, les sentiers se vengeront d'avoir été battus


Pris de froid, le temps se couvrit d'une écharpe de brume


Un arbre seul au milieu d'un champ : monument commémoratif d'une forêt disparue


Le vertige est le parapet des suicidaires


Ronciers : la barbe pousse aux vieux chemins


S.O.S. chemins battus


Dans les lieux peu courus, j'ai tendance à ralentir l'allure


Les plissements sont les souvenirs des profonds tourments que connut la Terre jadis


La lune, enceinte de lumière, allait la nuit


Une mouette rieuse peut-elle consoler un saule pleureur ?


Conversation des feuilles dans les arbres : elles parlent du vent, sujet qui les agite


Le froid est un être subtil : il mord, coupe, pénètre ou pique. Le chaud est une brute qui se contente d'assommer.


Les mauvaises herbes : écume des terrains vagues


Tondre la pelouse, ce n'est pas même donner sa chance à l'herbe


Le chasseur fait payer à l'oiseau de voir plus loin que lui.


Pan ! La même syllabe pour le Dieu de la Nature et le fusil qui le blesse


Le printemps devrait nous faire comprendre une bonne fois pour toutes que rien n'est jamais perdu.


La nuit se charge de ramasser les miettes de soleil tombées dans les sous-bois.


L'amour c'est lorsqu'on convie l'autre à la table de sa solitude


La nostalgie, c'est d'être indigné que le temps ose passer sans nous.


La ronce est la vengeance du sentier battu.


Le pépiement des passereaux intime au jour l'ordre de se lever


Si l'homme était un loup pour l'homme, il laisserait le loup tranquille


Bivouaquer dans une sapinière, c'est se préparer à sa mort


Les plumes servent aux oiseaux à tracer des lignes dans le ciel


La Toponymie est la poésie des géographes


Le sentier fait une épingle à cheveux? A-t-il eu peur de quelque chose ?


La Chute, ce fut lorsque l'homme descendit du singe.


Le marais est un quartier chic où vivent les vanneaux huppés


Aller de l'avant, c'est vivre, sauf au bord des falaises


Surpopulation : la Terre n'avait pas prévu son succès.


L'écrivain est le berger des mots. Le paragraphe est leur enclos.


Le temps doit avoir quelque chose à se reprocher pour s'enfuir si vite.


Sapin de Noël : on aura même réussi à rendre les arbres ridicules.


La Géologie est le chevalet du paysage.


Insectes morts au pied du lampadaire : l'extinction des espèces par l'éclairage des espaces.


Les oiseaux dans les bois en savent long sur les promeneurs.


Extrait de Le premier mot, de Vassilis Alexakis

 - Le soleil ignore les ombres, disait-il. Il ne soupçonne même pas qu'elles existent.