Je suis capable de nommer "correctement" le splendide vieux pin dont les branches fouettent la fenêtre du haut par grand vent, et le désassembler conceptuellement jusqu'à sa structure moléculaire. Mais je n'ai aucun moyen de décrire la langue dans laquelle il me parle quand il frappe contre la vitre.
~~~
Un terme, un nom, ne représente pas seulement un moyen de classer un phénomène ou un objet ; celui-ci se trouve être, par le biais de cette classification, identifié, court-circuité et considéré comme compris. Dans une certaine mesure, cette façon de procéder est sans doute nécessaire pour parvenir à un consensus scientifique général - ce qui devrait être l'objectif de toute science. Mais la théorie que nous trouvons aujourd'hui dans la littérature et la recherche botaniques contemporaines classe sans connaitre.
~~~
[...] je ne trouve pas de réponse parce que j'en cherche une.
~~~
[...] j'ai l'impression que ce n'est pas moi qui écrits, mais que je laisse l'écriture avoir lieu ou, plus précisément, que je laisse quelque chose d'autre que moi écrire en et à travers moi.
~~~
L'annihilation du nom par le concept, de l'expression vivante par le terme scientifique, a accéléré et scellé l'éloignement de l'humanité de la nature qui l'entoure.
~~~
Les algues, les mousses, et l'ensemble des plantes vertes qui ont succédé aux algues et aux mousses dans l'histoire de la vie, se nourrissent d'eau, de lumière, d'air et de minéraux. Dans une synthèse de matériel et de l'immatériel, les autres éléments que sont l'eau, l'air, la lumière et la terre s'unissent afin de former leur chair vivante.
~~~
Les choses ne nous sont égales que quand nous en privilégions certaines. Mais elles sont toutes également importantes.
~~~
Se pourrait-il que les gens aient enfin compris que ce n'est pas la politique, mais la nature qui constitue la véritable affaire de l'humanité ?Et comment, exactement, pouvait-on faire de la politique à partir de la nature ? C'était la bêtise la plus grossière qu'on puisse imaginer. Bien sur, qui détruit la nature se détruit lui-même. Mais comment cette question aurait-elle pu être débattue dans des parlements ?
~~~
Darwin a établi que seuls les bourdons visitent les fleurs de trèfle rouge, les abeilles n’accédant pas à leur nectar. Par conséquent, dit Darwin, si le bourdon venait à s’éteindre ou à se raréfier, le trèfle serait également moins répandu, voire disparaîtrait. La quantité de bourdons dans une région donnée dépend en grande partie du nombre de souris des bois qui y vivent, car elles détruisent leurs nids et les aires de butinage. Mais le nombre de souris des bois dépend essentiellement du nombre de chats qui chassent dans la région. Les nids de bourdons se situent souvent à proximité de lieux d’habitation humaine et de petits villages, ce qui peut s’expliquer en retour par le grand nombre de chats qui se nourrissent de souris des bois et limitent ainsi leur population. Dans une région donnée, la présence de chats détermine donc indirectement le développement de certaines plantes, à travers la taille des populations de souris et de bourdons. Le trèfle, qui peut se propager largement grâce aux bourdons, donc aux chats, sert de pâturage aux vaches et aux boeufs. Les marins ont besoin de grandes quantités de viande de boeuf saumurée. L'Angleterre doit donc aussi sa puissance maritime aux chats. Sans oublier les femmes anglaises âgées et célibataires, dont l’amour pour les chats est sans limites. Comme la puissance navale qu’est l’Angleterre a mené des guerres et pris les hommes aux femmes, elle a engendré un grand nombre de femmes célibataires qui, à défaut de maris, sont tombées amoureuses des chats. Cependant, les chats contrôlent les souris, ce qui profite aux bourdons, et on revient au début.