L'égoïsme règne en maître et constitue le mobile de chaque action. Chacun se révolte intérieurement contre tout; Amenées à défendre leur existence précaire par une lutte perpétuelle, les forçats se replient sur eux-mêmes. Ils sont effroyablement seuls. Ils considèrent leurs camarades comme incapables de les comprendre et d'emblée leur attribuent tous les défauts, alors qu'ils cherchent désespérément quelqu'un à qui parler, quelqu'un à qui se confier, quelqu'un qui les sortira de l'enfer où ils vivent. Ils rêvent d'un ami "vraiment bien", mais leur jugement est faussé et, de plus en plus renfermés, ils se réfugient dans un monde artificiel. Beaucoup prennent l'habitude de se parler à eux-mêmes. C'est là une sorte d'auto-communion qui, dans une certaine mesure, les soulage. L'entraide, la coopération n'existent pas, parce que la bonne foi et la confiance font défaut à ces hommes, surtout dans une telle ambiance où la vie est dépouillée de tout sentiment civilisé. L'individualisme, l'égotisme président à tous leurs actent et chaque prisonnier souffre dans cet exil d'une inquiétude qui le ronge et qui est l'un des facteurs de son désir obsédant d'évasion.
Extrait de Le premier mot, de Vassilis Alexakis
- Le soleil ignore les ombres, disait-il. Il ne soupçonne même pas qu'elles existent.
-
Je suis capable de nommer "correctement" le splendide vieux pin dont les branches fouettent la fenêtre du haut par grand vent, et...
-
Ah ! la complexité de ces interactions humaines, chacun de nous se baladant avec ses petits critères selon lesquels on juge les autres, tou...