Quelques extraits de ce très bon bouquin :
Dans Crime et Châtiment, ce portrait de Raskolnikov par Dostoïevski : "Il était incapable de réfléchir longuement, de concentrer sa pensée sur un objet quelconque, de résoudre une question en connaissance de cause ; il n'avait que des sensations. La vie s'était substituée chez lui au raisonnement."
Il est plus intéressant de boire un verre avec les paumés, les errants, les hommes dans le doute. Les gens qui ont raté leur vie, en général, réussissent leurs soirées.
Michel Serres d'ajouter "Avec les nouvelles technologies de l'information et de la communication, la possibilité d'accès au savoir devient infinie." Mais ne connaît-on pas des sociétés où les gens crèvent de faim alors que les étals regorgent de boudin ?
S'il est vrai que nous sommes composés à 80 % d'eau, alors nos larmes sont nos vrais enfants.
[...] Michel Leiris : "Attendre d'être inspiré pour écrire, cela veut dire qu'on est un pur esthète : dans ce cas, en effet, l'inspiration n'est qu'un moyen et c'est l'écriture qui est la fin. Ce qu'il faut au contraire, c'est écrire pour être inspiré."
La fête est le nom poli qu'on donne à l'hébétude. On finira par tuer celui qui supplie ses pairs d'ouvrir les yeux.
Le glacier craquait et je me disais que nous autres, enfants du XXIe siècle, n'avions pas de chance : les glaciers fondent, la forêt tropicale recule, les espèces disparaissent, les mammifères marins se retirent. Seuls se répandent les hommes et l'idée du Dieu unique.
Les victimes de l'esbroufe technologiques me font penser à ce romancier qui irait s'acheter un stylo-plume en or massif en vue d'écrire un chef d'oeuvre.
Je n'ai jamais pu aller au bout de moi-même, par peur du vide.
Je suis tellement réactionnaire que je préfère le début de mes phrases à leur fin.
Quelques amis à la personnalité hyaline, sous prétexte que je truffe ma conversation de mots rares, m'infligent leurs thrènes. Abrutis de misonéisme, ils ne veulent rien apprendre, ces trilobites ! Parce que je m'encaprice de tournures oubliées, ils s'imaginent que je crée la synchyse. Selon eux, en usant du style comme de la tissuterie, on risque de détorquer. Mais ils me les brisent, ces sycophantes ! La jouissance de la conversation n'est-elle pas de mêler les genres, de réveiller les mots endormis ?
Et si c'était par misanthropie et non par désespoir que ce suicidé se jeta par la fenêtre ? N'ayant personne sous la main, il s'en prit à lui-même ce soir-là.
"On se voit vite !", me lancent mes interlocuteurs avant de me quitter. Comme plus personne ne met le ton pour exprimer les choses, je me demande s'ils signifient par là qu'ils sont pressés de me retrouver ou qu'ils déplorent la fugacité de notre rencontre ou qu'ils espèrent écourter la durée de la prochaine.
[...] théorie de la méduse dont voici les grandes lignes :
1) Tout être qui ne réussit pas à peser sur son destin se venge en devenant néfaste.
2) La toxicité est le remède que trouve le faible à son impuissance : "Je ne peux lutter contre flux et courants, je ne peux décider du cours de ma vie ? Je serai votre poison.
3) La maîtrise de soi est donc l'origine de toute vertu.
La cellule autophage est notre maître zen : elle nous dit qu'on peut supprimer quelque chose en soi (une idée noire, triste penchant ou de la mauvaise graisse) pour se régénérer.
A l'heure des Airbus, ce que l'on gagne en temps, on le perd en aventure, ce que l'on obtient en confort, on le brade en mystère. Allez donc écrire vos souvenirs après dix heures dans une carlingue !
Les lieux sont le conservatoire des défuntes années.
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