Dans cette tribu, il y a une petite aveugle, un garçon boiteux, un autre maladroot et distrait... Alors, ils restent au campement toute la journée, et comme ils n'ont rien à faire et que les jeux vidéos n'ont pas encore été inventés, ils sont bien obligés de réfléchir et de laisser vagabonder leurs pensées. Et ils passent leur temps à penser, à essayer de décrypter le monde, à imaginer des histoires et des inventions. C'est comme ça qu'est née la civilisation : parce que les gosses imparfaits n'avaient rien d'autre à faire. Si la nature nestropiait personne, si le moule était à chaque fois sans faille, l'humanité serait restée une espèce de proto-hominidés, heureuse, sans aucune pensée de progrès, vivant très bien sans Prozac, sans capotes ni lecteur de DVD dolby digital.
Martin Page, Comment je suis devenu stupide (roman)
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