mercredi, décembre 15, 2010

Puisqu'ici-bas toute âme
Donne à quelqu'un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum ;

Puisqu'ici toute chose
Donne toujours
Son épine ou sa rose
A ses amours ;

Puisqu'avril donne aux chênes
Un bruit charmant ;
Que la nuit donne aux peines
L'oubli dormant ;

Puisque l'air à la branche
Donne l'oiseau ;
Que l'aube à la pervenche
Donne un peau d'eau ;

Puisque, lorsqu'elle arrive
S'y reposer,
L'onde amère à la rive
Donne un baiser ;

Je te donne à cette heure,
Penché sur toi,
La chose la meilleure
Que j'aie en moi !

Reçois donc ma pensée,
Triste d'ailleurs,
Qui, comme une rosée,
T'arrive en pleurs !

Reçois mes voeux sans nombre,
O mes amours !
Reçois la flamme ou l'ombre
De tous mes jours !

Mes transports plein d'ivresses,
Purs de soupçons !
Et toutes les caresses
De mes chansons !

Mon esprit qui sans voile
Vogue au hazard,
Et qui n'a pour étoile
Que ton regard !

Ma muse, que les heures
Bercent râvant,
Qui, pleurant quand tu pleures,
Pleure souvent !

Reçois, mon bien céleste,
O ma beauté,
Mon coeur, dont rien ne reste,
L'amour ôté !

Victor HUGO, Les Voix Intérieures, 19 mai 1836

Extrait de Les Oscillants, de Claudio Morandini

Vraiment, je les sens osciller, ces pauvres Crottardais, dans chacun de leurs gestes, chaque jour, et si je pouvais les observer pendant leu...